J'étais Quentin Erschen

Isabelle Coudrier

Fayard

  • Conseillé par
    3 décembre 2013

    Du plus loin qu'elle s'en souvienne, Natacha Flinch a toujours passé le plus clair de son temps libre chez ses voisins les Erschen ; deux frères, Quentin et Raphaël, et une sœur, Delphine, élevés par leur père cardiologue et une gouvernante, leur mère étant morte dans un accident de voiture alors qu'ils étaient encore au berceau.
    Inséparable de la fratrie Erschen, c'est tout naturellement que, plus tard, elle les suit à Paris pour entamer des études de médecine, à l'instar des deux frères, pendant que Delphine s'inscrit dans un cursus d'anglais à la Sorbonne. Commencent alors les années loin de leur Alsace natale, dans un appartement du boulevard Brune. le beau Quentin étudie sans relâche, le joyeux Raphaël court les fêtes et les filles, la gentille Delphine subit ses cours tout en se rêvant boulangère.

    Et Natacha espère encore et toujours que Quentin réponde enfin à cet amour qui la ronge depuis tant d'années.
    Roman sur l'enfance, ses joies, ses douleurs, les jeux partagés, J'étais Quentin Erschen est aussi un roman sur l'amour, celui qu'on donne, qu'on reçoit et celui dont on est privé. Isabelle Coudrier y décortique les souffrances, les tourments de ce sentiment qui fait vivre l'enfer quand il n'est pas partagé mais peut s'avérer encore plus dangereux quand on est incapable de le ressentir.
    Après le prometteur Va et dis-le aux chiens, Isabelle Coudrier confirme son talent. On y retrouve la même musicalité nostalgique et lancinante que dans son premier roman. Sa signature s'affirme grâce à des thèmes récurrents : une petite ville d'Alsace, une famille confrontée à un drame, une fille qui ne sera jamais une femme (d'après sa mère) et l'amour, bien sûr, obsédant, insaisissable, si difficile à appréhender et à vivre.
    Une auteure talentueuse, un roman magnifique, un style à découvrir absolument!


  • Conseillé par
    16 septembre 2013

    Depuis toujours, Natacha fille unique passe tout son temps libre avec ses voisins les enfants Erschen : Quentin, Raphaël et Delphine. Elle éprouve une amitié profonde envers Raphaël et Delphine, et un amour inconditionnel pour Quentin l’aîné. Seules trois années la séparent de Quentin. Quentin, Raphaël et Delphine ont perdu leur mère alors qu’ils étaient encore touts petits. Ils sont élevés par leur père un cardiologue très pris et une gouvernante. La mère de Natacha n’est pas dupe des sentiments de sa fille pour Quentin. Mais Natacha et les enfants Erschen sont inséparables. A l’adolescence, Quentin a beaucoup de succès auprès des filles mais elles ne l’intéressent pas ce qui laisse de l’espoir à Natacha. Elle enchaîne les tentatives pour que l’amitié de Quentin se transforme en amour. En vain.

    Sérieux, réservé et brillant élève, Quentin est le premier à partir d’Olsenheim leur ville de l’est de la France pour des études de médecine à Paris. Raphaël le suivra l’année suivante. Delphine a toujours montré un intérêt pour devenir boulangère mais selon son père, elle doit poursuivre des études supérieures. Elle rejoindra ses frères et s’inscrira en fac de lettres. Quand arrive le tour de Natacha, elle choisir médecine et comme les Erschen louent un spacieux appartement boulevard Brune, elle s’installera avec eux. Quentin étudie sans relâche, Raphaël sort beaucoup et enchaîne les conquêtes féminines. Delphine s’ennuie dans ses études et Natacha toujours amoureuse de Quentin subit l’attente qu’un jour enfin il la regarde avec des yeux différents. Et soudainement, cet ordre des choses établi tacitement entre eux quatre et qui règne Boulevard Brune vole en éclat car Delphine disparaît.

    Ce roman est hypnotique ! Dès le départ, Isabelle Coudrier installe un rythme lancinant, musical. Elle détaille la vie quotidienne de ses personnages et nous introduit à leurs côtés. On assiste aux tourments de l’amour éprouvés par Natacha alors que Quentin ne semble qu’être intéressé par ses études et la médecine. Responsable avant l‘heure, menant une vie d’adulte avant avoir d’été jeune tandis que son frère Raphaël croquait la vie à pleines dents.
    Pourquoi Natacha n’a t-elle pas pu se défaire de son obsession pour Quentin alors qu'elle souffre? La disparition non élucidée de Delphine les affectera tous, pèsera sur leurs choix futurs.
    L'atmosphère de ce roman colle à la peau chargée de non-dits et où les dommages collatéraux de l’amour sont nombreux.
    Les sentiments non réciproques, la culpabilité d’une mère ou d’un père, l’incapacité à être heureux, le bonheur derrière lequel on court, que l'on pense atteindre et qui nous échappe subrepticement, ce moment où l'on devient adulte et où il faut se défaire ou non de l'enfance.

    Un roman où les émotions à prisme sont finement décrites avec une écriture posée et envoûtante ! Magnifique !