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Conseillé par (Libraire)
13 septembre 2018

MA DEVOTION/Julia Kerninon

Pourquoi lit-on des romans ? Pour vivre en abrégé la vie de quelques autres, une vie, des vies que nous ne vivrons pas, et dont le roman, nous en donnant un aperçu, nous enrichit d’autant.
Et nous savons qu’un roman est réussi quand nous en gardons trace, longtemps après l’avoir lu. Pour moi c’est le cas s’agissant de "Ma dévotion".

"Ma dévotion", donc, se présente comme une sorte de confession de la narratrice à l’homme, peintre éblouissant, internationalement reconnu, qui a occupé le plus clair de sa vie. Le livre est découpé en 118 chapitres très brefs comme autant de peintures. Et il est construit en 8 parties dont 4 sont nommées en référence aux lieux, villes et maisons où les protagonistes ont vécu. Rome, Amsterdam, New York, Londres, Normandie.
Ils se sont connus adolescents à Rome, elle fille de diplomate, lui fils d’un employé subalterne de l’ambassade. Helen et Franck détestent leur famille, tant leur mère que leur père, et vont nouer de là un lien complexe d’une amitié amoureuse qui va s’avérer assez déséquilibrée. Elle, dévouée à l’objet de son amour, œuvrant dans l’ombre pour sa réussite. Sa réussite de peintre. Qu’elle a aidé à éclore et à faire connaître. Sa notoriété de peintre, son égoïsme d’artiste, c’est un cas de figure assez courant, va l’éloigner d’elle. Et puis elle lui reviendra, pour se charger de l’éducation du fils qu’il a eu avec une amante de passage, jeune modèle qu’il a abandonné. Retrouvailles donc, en Normandie, au milieu des bois, jusqu’à ce qu’un épisode destructeur cause leur rupture définitive.
Et puis, après 23 ans de silence, le hasard les fait se croiser sur un trottoir de Londres. C’est l’occasion pour Helen, écrivain, éditeur, de livrer à Franck, dans un long monologue chuchoté, sa version de leur vie, avec le recul qu’on a quand, à 80 ans passés, on entre dans le soir de l’existence.
Et c’est alors que "Ma Dévotion" révèle ce qui en fait l’âme. L’incommunicabilité des êtres. Les mensonges, les non-dits qui les constituent. Les accords qui ne sont qu’une forme particulière de malentendu. Les trajectoires qui se côtoient, parallèles sans jamais se croiser, et en tout cas pas se fondre.

300 pages de lecture nécessaire.

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