Jardin
EAN13
9782916383590
ISBN
978-2-916383-59-0
Éditeur
Matière
Date de publication
Nombre de pages
328
Dimensions
21 x 15 x 0,1 cm
Poids
1 g
Langue
français
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Jardin

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Par une brèche dans un mur, une foule de plusieurs centaines de personnes pénètre dans le « jardin » et découvre peu à peu ce vaste territoire interdit constitué d’une succession de paysages artificiels animés de mouvements automatisés. Le jardin est un décor désert, habité uniquement de dispositifs mécaniques, de cliquetis, de chocs et de grincements, un lieu sans orientation ni logique qui paraît généré au fur et à mesure de la curiosité qu’il suscite. Un lieu probablement sans fin, voué à l’inouï, à l’extraordinaire, à l’invention…
Par une brèche dans un mur, une foule de plusieurs centaines de personnes pénètre dans le « jardin » et découvre peu à peu ce vaste territoire interdit constitué d’une succession de paysages artificiels animés de mouvements automatisés. Le « jardin » est un décor désert, habité uniquement de dispositifs mécaniques, de cliquetis, de chocs et de grincements, un lieu sans orientation ni logique qui paraît généré au fur et à mesure de la curiosité qu’il suscite. Un lieu probablement sans fin, voué à l’inouï, à l’extraordinaire, à l’invention…
Les plus beaux livres sont des explorations de territoires qui se dévoilent au fil des pages. Rien n’est plus vrai que cela lorsqu’il s’agit de romans graphiques qui utilisent le dessin pour cartographier un monde insensé, jamais représenté totalement, mais saisi par bribes effeuillées d’un bout à l’autre de l’ouvrage, à la manière d’un périple en terre inconnue. Jardin est explicitement cela : un territoire qui se laisse défricher au fil de la lecture. Le livre s’intéresse à un groupe de personnages qui pénètre dans un jardin par une brèche laissée ouverte dans un mur. Mais en guise de jardin, le livre dévoile un endroit sans pareil, tenant davantage du paysage extraterrestre habité par d’étranges mécaniques. Rien de réellement floral ici, mais tout au contraire et, surtout, peu à peu, Yûichi Yokoyama aiguise son regard, s’intéresse de plus en plus près aux détails du paysage ; jusqu’à ce que ce qu’il dessine approche un point d’abstraction graphique, très géométrique, mais aussi très peu lisible d’une manière classique. Au bout de quelques pages, il n’y a plus de bulles de dialogue et les onomatopées sont inscrites en japonais dans le dessin même. Tout se confond, devient une construction architecturale et la mise en séquence acquiert de la vitesse, de la dynamique et du flux. Le tout donne à la lecture une accélération inhabituelle, menant le livre à un terme qui n’est pas vraiment une conclusion, mais plutôt un arrêt inusité, qui donne l’impression d’un arrêt brutal de toutes les machines du jardin, d’un coup net, brusque. L’auteur dessine tout cela d’un trait net, précis, qui ne perd pas de temps à dépeindre les personnages ou leurs traits, mais les représente d’une manière très robotique et liminale, comme s’ils étaient mus par une puissance cybernétique. Tous les autres livres de cet auteur sont comme des exercices quasi mathématiques de mise en forme géométrique de l’espace de la page blanche. Mais celui-ci est le plus réussi, qui mène cette quête plastique vers un aboutissement à la fois formel et narratif : d’un bout à l’autre du livre, le rythme est tenu, habité, évoquant aussi des échos avec des traditions extérieures à la bande dessinée, notamment le futurisme italien, dont les formes trouvent ici une descendance inattendue, et japonaise.
Joseph Ghosn, Romans graphiques. 101 propositions de lectures des années soixante à deux mille, Marseille, Le Mot et le reste, 2009, pp. 262-263.
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