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    28 avril 2016

    "La vie humaine est tarifée par les mollahs. Prix fixe. Non négociable. Celle d'une bonne musulmane vaut la moitié de celle d'un bon musulman. Ne cherchez pas comprendre, c'est comme ça. Une vie d'homme a deux fois plus de valeur que celle d'une femme, de même que son témoignage équivaut aux témoignages de deux femmes… "

    Dans plusieurs villes d’Iran, des femmes ont été retrouvées étranglées avec leur tchador. Toutes ces femmes avaient en commun de se prostituer. Car oui, dans ce pays ultra-religieux où « les femmes sont les biens des hommes de leur famille et elles restent jusqu'à leur mort sous tutelle masculine », la prostitution existe et est une économie parallèle. Les risques vont jusqu'à la mort car « En Iran, homosexuels et prostituées sont condamnés à la peine de mort ». Les mollahs fixent les lois « qui écrasent les femmes, leurs dérobent leurs droits les plus élémentaires et les définissent comme des sous-hommes » et savent en tirer parti. Ainsi, les journaux mentionneront des femmes éliminées : « le mot "éliminées" évitait soigneusement le terme "assassinées" , qui pouvait heurter les plus farouches des fanatiques. L'assassinat est condamnable selon la charia, tandis que l'élimination de fessad* est le devoir de chaque musulman." (*le fessad : mot persan d'origine arabe, signifie la corruption, la perversion, la débauche, ici la prostitution.)

    Si Chahdortt Djavann donne la parole à ces femmes privées de mots et assassinées parce qu’elles se prostituaient ( (un fait qui s'est réellement produit), avec Zhara et Soudabeb, elle nous raconte la vie future de ces fillettes. Des enfants avec des rêves mais qui trop tôt les verront anéantis parce qu’elles sont des filles et parce qu’elles sont belles.
    Sans utiliser la langue de bois, avec un ton direct et parfois très cru, l’auteur dénonce l’hypocrisie, le sort réservé aux femmes et en particulier à celles qui se prostituent. Mais elle parle également à travers elles du désir, de l’envie et de la jouissance physique. Et ce avec beaucoup de sensualité comme un joli pied de nez aux mollahs.

    Durant cette lecture, j’ai été écoeurée et scandalisée. Comment ne pas l’être ?
    Un livre uppercut qui fait mal mais soulève un des pans du tchador en Iran.