Stabat mater

Tiziano Scarpa

Christian Bourgois

  • Conseillé par
    19 juin 2011

    Dans ce roman, nous entrons dans l’intimité d’une jeune fille de seize ans qui fut abandonnée par sa mère et élevée dans un couvent par des religieuses soucieuses de lui inculquer des valeurs et de la préserver du monde. Elle y apprend la musique, joue du violon et se révèle d’ailleurs être une virtuose avec son instrument.


    Cette intimité psychologique est partagée grâce à la rédaction de son journal intime, dans lequel la jeune fille s’adresse à sa mère. Elle s’y pose des questions métaphysiques sans vraiment pouvoir y trouver de réponse. Elle se demande pourquoi elle a atterri dans cet orphelinat, se demande où sa mère se trouve, si elle est encore en vie, lui raconte ses journées et ses rêves qui sont souvent le reflet de ses interrogations sur la maternité, sur la naissance et l’amour filial. Certains d’entre eux la bouleversent. Cette adolescente qui passe dans le monde adulte le fait à coups d’interrogations profondes, auxquelles les religieuses ne peuvent donner de réponses, n’ayant jamais donné la vie elles-mêmes…

    En plus de ces mots couchés sur le papier et cachés puisqu’interdits par les religieuses, Cécilia noue un dialogue avec un personnage de son imagination. Elle a des cheveux de serpents et représente la mort, sa mort… Là aussi, les dialogues se montrent tendus. Cécilia cherche des réponses à ses questions et la mort lui répond souvent par d’autres questions…
    Cécilia mène donc sa vie ainsi, partagée entre le travail musical, des représentations, tapie dans l’ombre de l’église, et sa recherche d’une vérité qui pourrait panser son âme blessée.

    La musique est tout de même un réconfort pour elle, le jour où l’abbé qui les fait travailler et qui compose les œuvres pour être jouées à l’église, est remplacé par un jeune homme qui aidera Cécilia à sortir de sa réserve de musicienne. Elle n’apprendra pas seulement à jouer la musique d’un autre mais ressentir, et créer des émotions.

    Ce garçon fera naître aussi en elle les prémices d’un émoi de jeune fille... Et il ne sera autre que Vivaldi lui-même… Il sera alors un personnage clef pour ouvrir les yeux, le cœur et l’esprit de la jeune fille.

    Tiziano Scarpa a voulu construire une histoire où s’entremêlent, dans une Italie catholique du début du XVIIIème siècle, réalité et fiction. Lui-même avoue humblement que pour des raisons de construction romanesque, certaines réalités sont un peu distordues, mais c’est pour rendre le personnage de Cécilia plus attachant, émotionnellement parlant.

    La construction est d’abord troublante, voire un peu rebutante, mais le roman est court et lorsque l’on a compris comment y entrer, la profondeur de ce personnage (à la fois jeune mais pourtant bien consciente de certaines réalités autour d’elle) surprend.

    L’auteur avoue très clairement sa passion pour Antonio Vivaldi et place la musique sur le même plan que les émotions personnelles ressenties par la jeune fille. Le titre Stabat Mater évoque à la fois la douleur de la maternité et la douleur de ne pas avoir connu sa mère mais aussi une
    œuvre moins connue de Vivaldi…