LE VIEIL INCENDIE
On suit avec attention ES Dusapin depuis ses premiers pas en écriture, nous l'avions reçu aux Saisons pour son premier et beau roman Un hiver à Sokcho. Ce quatrième roman est sans aucun doute le plus abouti, le plus personnel aussi. Autour de l'histoire familiale un peu éculée de la maison des parents que l'on doit vider, l'autrice-narratrice écrit une sorte de journal des quelques jours passés dans leur maison du Périgord, avec sa jeune soeur dont le rapport au monde et aux êtres est pour le moins étrange, elle souffre d'aphasie.Il ne se passe pas grand chose, des placards s'ouvrent, des bocaux sont vidés, un pigeonnier après avoir été incendié va être reconstruit. On se souvient d'une visite de grotte, on prépare de maigre repas... La vie comme le temps sont en suspens. La campagne minérale et la maison recouverte de poussière sont peuplées d'un bestiaire envahissant et parfois hostile. Comme ce passé qui semble ne pas passer . L'ensemble est magnifique et tient par le style impeccable, comme une miniature ou une marqueterie.
SAUVAGE
Nous avions beaucoup aimé Liv Maria, portrait d' une jeune femme en quête éternelle de liberté, cette fois-ci nous partageons la vie d' Ottavia, jeune romaine qui de par sa cuisine inventive et la création de son restaurant réussit à s' affranchir des diktats de la société et à s'épanouir non sans questionnement des plus intimes.
Un vrai régal intime et synonyme de liberté !
VEILLER SUR ELLE
Un roman picaresque foisonnant se déroulant en Italie dans les années 30 alors que la montée du fascisme menace. D'un romantisme absolu c'est aussi une fresque historique mêlant l' art, la création, la connaissance, la religion, mais surtout un éloge à la fidélité absolue entre deux êtres issus de milieux opposés. C'est absolument magnifique !
GARE SAINT LAZARE
Un homme erre dans la salle des pas perdus de la gare St Lazare ainsi que dans les rues du quartier qu'il connait comme sa poche. Il erre aussi dans ses souvenirs, s' y perd parfois sans jamais nous perdre. Observateur attendri, ironique des mille vies qui se croisent, il lie conversation rarement, imagine souvent les modestes destins. Il s'adresse surtout à sa mère, espérant éperdument se faire aimer d'elle. Digne cousin de Patrick Modiano, Dominique Fabre est un piéton tendre et mélancolique qui écrit là une superbe miniature.
STUPEUR
Quel bonheur de retrouver la plume de Zeruya SHALEV ! Culpabilité, parentalité, couple, secrets de famille, des thèmes chers à l'autrice qui nous livre un très beau roman choral de femmes marquées par l' histoire collective de la création d'Israël. L'autrice embrasse magnifiquement la grande histoire avec l'intime de l' âme humaine. C'est très très beau.