sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Anne B. RAGDE

"éditions Balland"

Conseillé par
26 septembre 2012

Trondheim, 1960. Lotte est une enfant comme les autres, joyeuse et insouciante, jusqu'au jour où son père quitte le domicile familial pour s'installer avec une splendide jeune veuve et ses deux enfants. Pour Lotte, petite fille de huit ans à peine, c'est comme si le ciel lui tombait sur la tête. Bien sûr, ses parents se disputaient souvent mais elle adorait son père avec qui elle partageait de longues randonnées le dimanche. Le jour où il déménage, sous les regards curieux des voisins et les rires des enfants, Lotte sait que sa vie va changer. Le mot "divorce" sonne le glas de son innocence, ses amies l'évitent, sa mère oscille entre aigreur et désespoir et son père s'éloigne d'elle peu à peu. Dans sa nouvelle chambre, qui avant était le bureau de son père, chaque nuit des démons viennent la terroriser. Et ils l'accompagnent même à la campagne où elle passe les vacances chez ses grands-parents paternels. Car, dans ce havre de paix aussi, tout a changé. Par loyauté envers leur fils, ses grands-parents ont pris son parti et ne souhaitent plus avoir de contacts avec la mère de Lotte...

Anne B. RAGDE aime décortiqué les histoires de famille et son dernier roman ne fait pas exception. Mais son originalité vient de son personnage principal. L'auteure nous emmène dans l'intimité d'une petite fille de huit ans. Perdue dans un monde d'adulte qui se détraque, la petite Lotte a bien du mal à trouver sa place. Son histoire a beau se passer en 1960, elle est toujours d'actualité parce que, même si le divorce est désormais un fait banal, le mal qu'il fait aux enfants demeure. Que dire de cette femme abandonnée qui n'épargne rien à sa fille? Son chagrin, ses colères, ses récriminations, ses petites vengeances, elle étale tout aux yeux de Lotte déchirée entre la déprime de sa mère et son attachement à son père. Et que dire du père justement? Il incarne la lâcheté masculine dans toute sa splendeur! Pour éviter le conflit, il est prêt à renoncer à sa vie et pour retrouver un semblant de normalité, il préfère s'investir dans sa nouvelle famille et faire comme si rien n'avait existé avant. Ce renoncement qui devient trahison blesse Lotte plus encore que le divorce en lui-même.
Le nouveau monde de Lotte est peur, angoisse et incompréhension. Ses sentiments sont mis à mal, elles sert de tampon entre deux adultes qui se déchirent et elle fait de son mieux pour ne blesser personne. Mais qui se soucie d'elle au final?
Je m'appelle Lotte et j'ai huit ans est un livre qui fait réfléchir et qui prouve, s'il en était besoin, qu'il faut savoir préserver l'enfance. Mais il lui manque une dimension poignante, ce quelque chose en plus qui fait que l'on est touché par l'histoire et ses personnages. Peut-être est-ce par ce que l'auteure s'est mise dans la tête d'une enfant qui n'a pas toujours les mots pour décrire ses états d'âme ou peut-être parce que je manque de sensibilité...
Quoi qu'il en soit je remercie Babelio et les éditions Balland pour m'avoir permis de faire un pas de plus dans la découverte de l'oeuvre d'Anne B. RAGDE dont chaque ouvrage est toujours un bon moment de lecture.

Conseillé par
26 septembre 2012

En 1964, Elsa est une professeure et pédopsychiatre de grande renommée. Son métier l'oblige à beaucoup voyager, de congrès en conférences. Son mari, Marrti, est lui un peintre reconnu, très pris par sa peinture. Pour pallier leurs fréquentes absences, ils engagent Eeva, jeune campagnarde étudiante à Helsinki, pour s'occuper de leur fille Ella.
En 2010, Elsa est atteinte d'un cancer incurable. Pour profiter encore un peu de sa maison et de sa famille, elle choisit de quitter l'hôpital et de mourir près des siens. Ainsi, Marrti, Ella et ses deux filles Anna et Maria se relaient auprès d'elle pour veiller sur son bien-être et partager des souvenirs.


Au cours d'une belle journée où Elsa se sent bien, elle décide avec Anna de faire renaître un de leurs jeux d'autrefois: elles vont se déguiser et prendre le thé dans le jardin. D'une vieille armoire, Anna sort une robe qu'elle ne connait pas. Sa grand-mère lui confie que cette robe appartenait à Eeva et lui raconte cette jeune fille qui, un temps, a fait partie de leur famille et dont plus personne ne parle aujourd'hui.

Malgré la maladie, les secrets, les drames, les chagrins, c'est surtout l'amour qui transparaît dans chaque ligne de ce magnifique roman. Celui d'une mère pour sa fille, celui d'une femme pour son amant, celui d'une fillette pour sa nourrice, celui qui lie entre eux les membres de la famille d'Elsa.
Dans une langue tout en poésie et en douceur, Rikka PULKKINEN nous mène, au gré de son récit, dans le coeur de ses héroïnes, celles de 1964 et celles de 2010. Elle dévoile leurs peurs, leurs peines, leurs passions, leurs élans, leurs culpabilités, leurs tristesses, toute la gamme des sentiments de ces femmes faibles et fortes à la fois. C'est sensible, touchant, nostalgique et cela sonne toujours juste.
Il faut se laisse bercer et emporter par l'écriture de cette toute jeune auteure finlandaise qui sait parler de choses graves et légères, sans pathos, mais avec finesse et générosité. Un grand moment de lecture.

Conseillé par
26 septembre 2012

Avec Patrik en congé parental pour s'occuper de Maja, Erica croit enfin pouvoir se remettre au travail et commencer les recherches pour son prochain livre. Mais cela, c'est la théorie. En pratique, elle doit se débattre entre les sollicitations incessantes de Patrik et le cours de ses pensées qui la ramènent encore et toujours aux découvertes qu'elle a faites dans le grenier. En effet, parmi les affaires de sa défunte mère, Erica a trouvé un journal, une médaille allemande et une petite brassière tachée de sang. En quête de renseignements, Erica confie la médaille à un vieux professeur, spécialiste de la deuxième guerre mondiale. Mais l'homme est assassiné...

S'agit-il d'un crime crapuleux ou cela a-t-il à voir avec la médaille? Erica n'est sûre de rien mais une chose est certaine, il faut qu'elle en sache plus pour lever le mystère sur les objets et peut-être en apprendre un peu plus sur le passé de sa mère.

Voici le cinquième opus des aventures de Patrik et Erica dans leur bonne ville de Fjällbacka. Et il était très attendu après les découvertes d'Erica à la fin de L'oiseau de mauvais augure.
Encore une fois c'est dans le passé que les crimes d'aujourd'hui trouvent leur explication. Nous allons donc découvrir la Suède pendant la deuxième guerre mondiale, le pays tient alors une difficile situation de neutralité, entouré de voisins occupés par les nazis. A cette époque, Elsie, la mère d'Erica est une toute jeune fille, belle, enjouée, entourée de prétendants et amoureuse d'un seul, à mille lieues de cette femme froide et rigide dont se souviennent Erica et sa soeur. Camilla LÄCKBERG va dérouler le fil de cette jeunesse où drames et chagrins ont la part belle pour nous expliquer la métamorphose d'Elsie.
Parallèlement, les collègues de Patrik essaient d'élucider le meurtre du vieux professeur et malgré son congé parental, le jeune homme a bien du mal à rester à l'écart de l'enquête. La petite Maja devient vite une habituée du commissariat!
Grâce à ses retours dans le passé, ses révélations, son lot de surprise et le savant mélange entre enquête et vie privée des protagonistes, L'enfant allemand s'avère être un des plus passionnants épisodes de la série. Totale réussite donc pour Camilla LÄCKBERG qui sait toujours donner envie de connaître la suite des aventures de son couple vedette.

Conseillé par
26 septembre 2012

Cheveux clairs, teint de porcelaine, manières policées, éducation catholique, fragilité, délicatesse et retenue , Reina Fernandez de Alcantara est une jeune fille bien comme il faut, fierté de sa mère et de sa famille. Comment est-il possible que sa soeur jumelle, Magdalena, dite Malena, puisse être si différente? Avec ses cheveux noirs, son teint mat et ses lèvres d'indienne, Malena est une rebelle car dans ses veines coule le sang de la "branche maudite" des Alcantara, le sang des conquistadors, le sang de ceux qui sont sortis du rang.

Le même sang qui coule dans les veines de son grand-père, marié à une femme, amoureux d'une autre, bigame par lâcheté, qui fera des enfants à l'une comme à l'autre, se créant deux familles parallèles, si proches et pourtant terriblement antagonistes. Le sang aussi de Magda, sa tante, la jumelle de sa mère, qui prendra le voile puis reniera ses voeux pour s'enfuir loin de cette famille qui voulait la briser, lui couper les ailes. Répudiés par la famille, le grand-père et la tante sont pourtant ceux dont Malena se sent proche. Elle choisira toujours la liberté, la passion -quitte à s'humilier- et ses tentatives pour coller aux conventions se solderont par des échecs. Qu'importe! Puisque c'est quand elle est révoltée, amoureuse, passionnée que Malena est vraiment elle-même, belle et rebelle, libre et heureuse.

Quelle femme! Quelle famille! Quel roman!
Au centre, il y a Malena, fille puis femme "imparfaite" qui peine à trouver sa place dans la société bien-pensante des années franquistes. Autour d'elle, gravitent des dizaines de personnages, des oncles, des tantes, des cousins, des grand-parents, et tant d'autres qui nous touchent, nous révulsent, réveillent en nous une multitude de sentiments qui vont de l'attachement, à la pitié, au dégoût.
Forte et fragile, passionnée, décalée, mais toujours libre et insoumise, Malena incarne la femme qui se libère du carcan familial, de l'image de sainte qu'arbore l'espagnole sous Franco. Emouvante quand elle aime -son cousin, son fils-, quand elle se trompe -de vie, de mari-, quand elle est trahie -par sa mère, par sa soeur-, Malena n'est pas pour autant une faible femme. Toute sa vie, elle se cherche, elle fouille la vie de ses ancêtres et c'est d'eux qu'elle tire sa force, ses qualités et ses défauts.
Almudena Grandes aime disséquer la famille espagnole, ici elle signe un chef-d'oeuvre où son héroïne, magnifique et flamboyante, de tâtonnements en certitudes, finira par trouver la place qui est la sienne dans une société qui aime plus que tout formater l'individu.
Suivez Malena, pleurez avec elle, réjouissez vous pour elle et surtout aimez-la...

Les Presses de la Cité

Conseillé par
26 septembre 2012

Le 23 décembre 1980 à 00h33, le vol Paris-Istanbul décroche et s'écrase dans le Jura sur les pentes du Mont Terrible, avec à son bord 169 personnes. Toutes périssent dans le crash, toutes sauf une. Un nourrisson d'à peine trois mois a réussi à survivre. Ejectée de l'avion, la petite fille aux grands yeux bleus a survécu à l'accident et au froid jusqu'à l'arrivée des secours. Pour Léonce et Mathilde de Carville, riches industriels du Val de Marne, la joie succède à l'horreur d'avoir perdu leur fils Alexandre et leur bru Véronique: au moins, il leur reste les enfants, Malvina, arrivée chez eux quelques jours plus tôt et Lyse-Rose, la petite miraculée. Cependant, ce bonheur est de courte durée.

Très vite, un autre couple se manifeste, les Vitral, commerçants ambulants à Dieppe, ont eux aussi perdu un fils, Pascal, et une belle-fille, Stéphanie dans le crash. Et s'ils ont auprès d'eux leur petit-fils Marc, ils ont bien l'intention de récupérer sa soeur Emilie qui voyageait avec ses parents.
L'identité de l'enfant est difficile à établir. La presse s'empare de l'affaire et suit au jour le jour le procès qui déchire les deux familles. Léonce de Carville use de son influence, de son réseau, de son argent pour faire pencher la balance de son côté mais rien n'y fera, le juge décide de confier le bébé aux Vitral. Mais Mathilde, la grand-mère, ne s'avoue pas vaincue. Elle engage un ancien mercenaire devenu détective et lui donne jusqu'à la majorité de l'enfant pour prouver par tous les moyens que la miraculée est bien sa petite-fille Lyse-Rose.
Pendant 18 ans, Crédule Grand-Duc et son acolyte Nazim Ozan vont consacrer tout leur temps et leur énergie pour satisfaire la demande de Mathilde. Mais en 1998, alors que son contrat arrive à terme, Grand-Duc n'en sait toujours pas plus. Le bébé est devenue une magnifique jeune fille majeure et libre de décider de sa vie, le détective, déprimé par son échec, décide de mettre fin à ses jours.

Dix-huit ans d'enquête, de fausses pistes en espoirs déçus, de certitudes en hésitations, de Dieppe à Istanbul, en passant par Le Canada, on peut dire que Crédule Grand-Duc n'a pas ménagé sa peine et Michel BUSSI les nerfs de ses lecteurs. Sur un rythme haletant, on suit le détective et après lui, Marc, le frère putatif, dans une recherche effrénée pour établir l'identité de celle qu'on appelle Lylie, comme un rappel de ses prénoms possibles. Et si le suspense reste intact jusqu'au final éblouissant, Un avion sans elle est plus qu'un thriller, c'est un livre qui fait réfléchir sur l'argent, le pouvoir qu'il apporte et ses dérives,ses perversions, ses limites aussi car l'argent n'achète pas tout quoi qu'on en pense. C'est aussi un livre sur l'amour et ses excès, celui qui rend fou et les actes insensés que l'on peut commettre en son nom. Un livre sur la famille et le milieu dans lesquels on grandit....Quelle est la part de l'inné? Et de l'acquis? Des questions que l'on se pose quand on élève et voit grandir un enfant qui n'est pas de notre sang.
Un suspense magistral jusqu'aux dernières lignes, une étude psychologique très fine de chacun de ses personnages, des sentiments, de l'émotion, des pointes d'humour... Michel BUSSI est un maître! Et un auteur à suivre.