Vivre dans un monde en crise, ce que la vie nous enseigne en des temps difficiles
EAN13
9782845922341
ISBN
978-2-84592-234-1
Éditeur
Presses du Châtelet
Date de publication
Collection
Spiritualité chrétienne
Nombre de pages
264
Dimensions
22,6 x 13,9 x 2,3 cm
Poids
338 g
Langue
français
Code dewey
130
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Vivre dans un monde en crise

ce que la vie nous enseigne en des temps difficiles

De

Traduit par

Préface de

Presses du Châtelet

Spiritualité chrétienne

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Ce livre a été publié sous le titre
Facing a World in Crisis par
Krishnamurti Foundation Trust
(David Skitt), en 2005.

www.pressesduchatelet.com

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eISBN 978-2-8459-2549-6

Copyright © Presses du Châtelet, 2008.

Introduction

Nous n'avons jamais été mieux informés qu'aujourd'hui de ce qui se passe dans le monde. La télévision « couvre » en direct et à l'échelle planétaire chaque catastrophe naturelle, chaque guerre, chaque attaque terroriste, chaque compétition sportive.

S'il est vrai que les reportages ont une prédilection pour les événements à caractère sensationnel impliquant des conflits et des morts, ils nous confrontent aussi inéluctablement à la réalité brute du monde dans lequel nous vivons. Les guerres provoquées par de violents différends territoriaux, mêlés de religion et de nationalisme, le choc des cultures, chacune sûre de l'universalité de ses valeurs, le nouveau paroxysme de violence dont témoignent les attentats suicide, tout cela inaugure de manière peu encourageante le nouveau millénaire. Et la conjoncture est d'autant moins encourageante que l'interdépendance économique croissante, les catastrophes écologiques, les conflits liés à l'approvisionnement en eau et le changement climatique exigent une nouvelle prise de conscience de nos intérêts communs, une nouvelle fraternité, essentielle si nous voulons éviter un désastre planétaire. Les allégeances d'autrefois à la patrie, à la religion, à une idéologie politique semblent être dangereusement incompatibles avec une réalité qui exige de se vouer à l'humanité tout entière et non plus à une fraction que l'on privilégie.

Au cours des années 1970, Jiddu Krishnamurti, qui parlait en public dans le monde entier depuis plus de cinquante ans, n'a cessé de répéter que le premier pas vers l'observation de la manière de vivre de chacun d'entre nous commence par l'observation de l'état du monde. Se désintéresser des événements mondiaux, croire que « ce qui se passe à l'extérieur ne me concerne pas », c'était, pour lui, ne pas être à l'écoute de ce que la vie doit nous apprendre, c'était fuir de façon erronée la vaste scène où nous sommes tous acteurs, que cela nous plaise ou pas. Se dérober à la violence du monde et rester à l'écart – chose que nous ne faisons pas, évidemment, quand il s'agit des plaisirs de la vie – est un grave manque de discernement, une incapacité à voir et à sentir intimement que « nous sommes tous dans le même bateau ». Cette erreur, selon lui, conduit inévitablement à une action vaine et au conflit.

Le point de vue énoncé ainsi par le philosophe Thomas Hobbes (« Quiconque regarde en lui connaît les pensées et les passions de tous les autres hommes ») ou par Montaigne (« Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition »), Krishnamurti l'exprime par la phrase : « Nous sommes le monde. » Ne se bornant pas à énoncer cette maxime, il examine en profondeur et en détail ses implications et nous demande, chacun de nous étant acteur, quelle est notre réaction face à l'état présent d'insécurité, de désordre du monde.

Mais il soulève ensuite un problème plus fondamental : quelle sorte d'esprit est capable de réagir de manière adéquate à cet état de choses et qu'est-ce qui nous empêche d'avoir un tel état d'esprit ? Cela n'est pas sans évoquer la démarche d'un scientifique qui, avant d'étudier un phénomène, se préoccupe de la qualité des instruments qu'il utilisera pour l'observer. Dans la première partie de ce livre, Krishnamurti examine ces obstacles. Il suggère qu'une vision pénétrante de leur nature non seulement suscite une réaction juste aux événements politiques, économiques et religieux, mais révèle aussi leurs origines psychologiques dans notre vie et nos relations personnelles. Sur le plan psychologique, la frontière séparant l'individu et la société disparaît. De manière poétique, il décrit souvent cela comme « le flux et le reflux de la marée ».

Si le lecteur attend des réponses toutes faites d'une autorité en qui il place sa foi, il risque fort d'être déçu. Pour Krishnamurti, une telle attitude atrophie le cerveau mais profite aussi dangereusement à la tyrannie tant politique que religieuse. Et, dans nos relations personnelles, elle peut facilement conduire à la domination d'une personne sur une autre. Il ne nous fournit ni théories ni explications, mais des assertions à confronter à notre expérience ou des questions propres à susciter des interrogations. C'est par soi-même qu'il faut explorer la vie ; elle est plus grande, dit-il, que n'importe quel enseignant ou enseignement. La percevoir autrement, c'est être un « humain de seconde main ».

Beaucoup ont qualifié Krishnamurti de mystique, terme qui peut servir soit à lui conférer un statut supérieur, soit à le rejeter en remettant en cause la pertinence de son approche. En fait, ce qu'il dit s'applique toujours avec beaucoup de pertinence aux relations personnelles et à la politique. Dans presque chaque causerie il évoque le caractère destructeur des images qui s'interposent au sein de la relation entre l'homme et la femme. Quant aux systèmes politiques autoritaires, il est intéressant de noter que les historiens ont décrit les cinq conditions préalables à leur émergence. La première condition est d'inculquer le sentiment du « nous » et du « eux » ; la deuxième d'accepter de s'y conformer ; la troisième de ne pas s'opposer au mal qui « leur » est fait et de se décharger de cette responsabilité sur les autorités, ce qui suppose qu'« ils » ne sont pas humains comme « nous » le sommes ; la quatrième condition est de ne pas s'opposer à la suppression de la dissidence ; la cinquième de consentir à « leur » extermination, ou de la soutenir. Cela n'est pas seulement un scénario psychologique destiné à faire céder à la tyrannie politique ou à favoriser la persécution d'une minorité ethnique. C'est aussi un scénario psychologique propre à inciter toute une nation à entrer en guerre avec une autre.

En quoi les propos de Krishnamurti remettent-ils en question ce triste processus ? Il met sans cesse en lumière l'absence de réalité de cette division des êtres humains en « eux et nous », la fausseté de telles images et les allégeances névrotiques qu'elles suscitent. Tout en reconnaissant qu'il est socialement nécessaire de se soumettre à certaines règles, il voit dans la soumission et la croyance en l'autorité politique et religieuse – y compris celle qui pourrait lui être personnellement attribuée – une forme d'oppression sociale et psychologique qui atrophie le cerveau. Ce faisant, il nous propose de développer en nous des barrières potentielles aux formes de systèmes politiques qui ont causé des ravages au XXe siècle et dont les ferments sont encore actifs aujourd'hui.

Un mystique est habituellement considéré comme quelqu'un qui se préoccupe de la réalité et des vérités ultimes qui ne sont pas du tout d'ordre intellectuel : c'était le cas de Krishnamurti. Pourtant, la pertinence de ses propos sur l'autoritarisme montre qu'en même temps il avait bien les pieds sur terre. Plus que beaucoup d'entre nous en vérité, pourrait-on dire. Nous qui, nous croyant tout à fait rationnels et nullement mystiques, avons succombé à une foi aveugle en des dirigeants ou des croyances qui sont à l'origine de souffrances sans précédent.

Ceux qui lisent Krishnamurti pour la première fois peuvent trouver déconcertant le libre éventail de ses propos. Bien qu'il soit attentif à leur enchaînement, il répond toujours aux questions de son auditoire, même en plein discours et même si elles semblent parfois n'avoir aucun rapport avec le sujet principal de sa causerie. Mais, comme il a été dit, c'est lui l'orateur qui, contrairement à l'habitude, interroge son auditoire et non l'inverse. Comme on le verra, il refuse parfois fermement de répondre à ses propres questions. À d'autres moments, il soutient que la réponse à la question est contenue da...
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