Vox Jlg

Comment faire un livre en faisant du cinéma ou inversement ? À partir de l’œuvre de Jean-Luc Godard, cet essai étudie la relation entre le monde du livre et celui dufilm en termes de montage. Afin d’établir la genèse de son savoir-faire graphique, inconsciente ou assumée, j’ai mis en regard sa production avec celle de MaximilienVox, figure incontournable de l’histoire de la typographie française. En dépit de l’écart considérable qui sépare leurs univers respectifs, que ce soit dans leurschamps d’activités, leur appartenance à des générations distinctes, leurs registres esthétiques ou leurs implications politiques, un trait fondamental les unit : chacundans sa discipline occupe une même place historique et symbolique. Le lien de famille qui unit les deux hommes, ignoré par la critique et occulté par les principauxintéressés, a été déclencheur dans mon investigation. Le recours aux rapprochements, qui ne sont pas de simples références, se concrétise ici dans la mise en page par laconfrontation matérielle de reproductions diverses — pages de livres, photogrammes, vidéogrammes ou collages — tirées de leurs réalisations. Il s’agit de montrer en quoiles œuvres dialoguent entre elles et d’en exposer le résultat. Entre ces deux pôles émergent des constellations voisines, notamment Chris Marker, concerné par le livre,l’édition, le cinéma et Godard. Il fait office de révélateur et de trait d’union entre tradition et modernité. La confrontation sur le terrain graphique de Vox et Godardmet en évidence des corrélations étroites dans leurs travaux respectifs, qui sous ce prisme s’éclairent d’un jour nouveau. Présent dans la préhistoire graphiquede Godard, Vox l’est aussi en filigrane dans sa cinéphilie.