Penser Salman Rushdie

12 août 2022, Etat de New York : Salman Rushdie, écrivain anglo-américain
d’origine indienne, est grièvement blessé, poignardé au cou et dans l’abdomen,
alors qu’il s’apprête à donner une conférence sur scène, trente-trois ans
après qu’une fatwa a été émise, le 14 février 1989, par l’ayatollah Khomeiny,
alors guide suprême de la République Islamique d’Iran, à son encontre. Son
hypothétique crime, aux yeux de ces fanatiques religieux d’un autre âge ?
S’être rendu coupable, tout à la fois, de « blasphème » et d’« apostasie »,
sanctionnées par la peine de mort selon l’interprétation la plus extrémiste de
la foi musulmane, l’obscurantiste charia, pour avoir écrit et publié, à
travers le monde, ses « Versets Sataniques » : livre très vite devenu, suite à
sa publication, en 1988, une des œuvres de fiction – un roman et non un essai
à thèses – les plus universellement célèbres. C’est donc pour défendre Salman
Rushdie, son œuvre tout autant que sa pensée, mais aussi, plus généralement et
par-delà son cas spécifique, nos valeurs démocratiques, que cet ouvrage
collectif voit le jour. Il s’avère être également la suite logique des
nombreuses tribunes, intitulées très significativement Liberté, Humanisme,
Tolérance, que j’ai rédigées le jour même de cet attentat, en guise de soutien
moral aussi bien que de solidarité humaine envers ce même Rushdie, et fait
paraître dès le lendemain, cosignées par une quarantaine d’intellectuels de
tout premier plan, dans quelques-uns des journaux les plus importants au sein
de la presse européenne francophone : « Le Soir », principal quotidien de
Belgique, ainsi qu’à la une du site de la Radio Télévision Belge Francophone
(RTBF) ; « Le Temps », premier quotidien de la Suisse romande ; « Marianne »,
un des principaux hebdomadaires de France ; « Tageblatt », principal journal,
en édition bilingue français/allemand, du Luxembourg. Cet hommage à Salman
Rushdie, qui s’inscrit là dans la grande, belle et prestigieuse tradition
française des intellectuels engagés, de Voltaire au Siècle des Lumières à
Camus, Sartre, Malraux ou Raymond Aron, en passant par le Zola du « J’accuse »
au temps de l’affaire Dreyfus, dit son admiration pour l’écrivain, en même
temps qu’il défend donc l’homme persécuté par la barbarie islamiste. Davantage
: il s’emploie, plus profondément encore, à penser l’œuvre tout autant que la
place de cet écrivain majeur, son véritable intérêt littéraire aussi bien que
sa réelle portée philosophie, au sein du monde contemporain. DANIEL SALVATORE
SCHIFFER (coordinateur) Dominique Baqué, Stéphane Barsacq, Patrick Besson,
Tahar Ben Jelloun, Véronique Bergen, Sophie Chauveau, Catherine Clément,
Gilles Denis, Emmanuel Dupuy, Éric Fottorino, Renée Fregosi, Nathalie Heinich,
Isabelle de Mecquenem, Edgar Morin, Véronique Nahoum-Grappe, Chela Noori,
Christiane Rancé, Robert Redeker, Daniel Salvatore Schiffer, Guy Sorman,
Pierre-André Taguieff, Michel Taube, Valérie Trierweiler, Olivier Weber, Jean-
Claude Zylberstein Sous la direction et la coordination de Daniel Salvatore
Schiffer