La machine est ton seigneur et ton maître
EAN13
9782748904918
Éditeur
Agone
Date de publication
Collection
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Langue
français
Fiches UNIMARC
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La machine est ton seigneur et ton maître

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« Les machines ressemblent à d’étranges créatures qui aspirent les matières
premières, les digèrent et les recrachent sous forme de produit fini. Le
processus de production automatisé simplifie les tâches des ouvriers qui
n’assurent plus aucune fonction importante dans la production. Ils sont plutôt
au service des machines. Nous avons perdu la valeur que nous devrions avoir en
tant qu’êtres humains, et nous sommes devenus une prolongation des machines,
leur appendice, leur serviteur. J’ai souvent pensé que la machine était mon
seigneur et maître et que je devais lui peigner les cheveux, tel un esclave.
Il fallait que je passe le peigne ni trop vite ni trop lentement. Je devais
peigner soigneusement, afin de ne casser aucun cheveu, et le peigne ne devait
pas tomber. Si je ne faisais pas bien, j’étais élagué. »

Foxconn est le plus grand fabricant du monde dans le domaine de
l’électronique. Ses villes-usines font travailler plus d’un million de
Chinois, produisent iPhone, Kindle et autres PlayStation. Elles ontété le
théâtre de suicides d’ouvriers qui ont rendu publiques des conditions
d’exploitation fondées sur une organisation militarisée de la production et
une surveillance despotique jusque dans les dortoirs.

Ce livre propose une analyse du système Foxconn à partir des enquêtes de la
sociologue Jenny Chan, complété par le témoignage de Yang, un étudiant et
ouvrier de fabrication à Chongqing, et le parcours de Xu Lizhi, jeune
travailleur migrant chinois à Shenzen, qui s’est suicidé en 2014 après avoir
laissé des poèmes sur le travail à la chaîne, dans « L’atelier, là où ma
jeunesse est restée en plan ».

Sous le titre « Les ombres chinoises de la Silicon Valley », la
réactualisation de la postface que donne Celia Izoard analyse l’écueil des
fantasmagories de l’« économie immatérielle » auxquelles succède le
quadrillage électronique de nos vies, tandis que la pandémie de Covid-19 «
accomplit l’organisation légiférée de la séparation physique des individus
pour leur vendre les moyens de communication leur permettant de ”rester en
contact” ». Ce projet paradoxal, qu’ambitionnaient depuis longtemps les
entreprises technologiques — remplacer les relations humaines incarnées par
des transactions électroniques –, étant en prime auréolé d’une vision d'un
nouvel humanisme fait de sécurité, de solidarité et d’hygiène.

Journaliste à Reporterre et essayiste critique de la technologie moderne (dont
Merci de changer de métier. Lettres aux humains qui robotisent le monde, 2020)
Celia Izoard est aussi traductrice, notamment de 1984, de George Orwell, de
Black Lives Matter, de Guerre nucléaire et catastrophe écologique, de Freedom
Summer. Luttes pour les droits civiques, Mississippi 1964 et de Le Progrès
sans le peuple.
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