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Conseillé par François-Régis SIRJACQ (Libraire)14 février 2022
rôle, vif, tendre, rieur, espiègle, embué d’émotion, multipliant les pirouettes, il réussit à nous amuser, à nous surprendre, à nous attendrir
Le sujet évoque un monde en voie de disparition – celui de l’édition indépendante. Un univers futuriste aussi, où les prix Goncourt et ses suiveurs ne vaudraient pas tripette. Les personnages : Pierre et Claire, un couple marié, uni comme les doigts de la main, passionnés par les livres. Tandis que leurs amis rompent ou divorcent, que leur vieux copain Mathieu, écrivain en mal de succès et de consécration, change de fiancée comme de chemise, ils demeurent fidèles à eux-mêmes et à leur maison d’édition, maison qui doit se battre pour survivre à ses échéances bancaires, alors qu’un groupe industriel est sur les rangs pour la reprendre et la renflouer. Tandis que les menaces financières se précisent, ils sortent, boivent, mangent, fréquentent des restaurants où le tout Paris des lettres se croise sans toujours se voir.
Eric Neuhoff nargue son époque, il parle, avec talent d’un milieu qu’il connaît par cœur, il multiplie les clins d’œil, les allusions, les références. Il parvient ainsi à citer deux de ses propres livres en une seule ligne (« la Petite Française », « Un bien fou«, deux roman couronnés, ceux-là, par de grands jurys l’un par l’Interallié, l’autre par l’Académie Française ). Une façon bien à lui de rire de tout et de lui-même. De se défier de sa propre nostalgie, en s’avouant démodé. Drôle, vif, tendre, rieur, espiègle, embué d’émotion, multipliant les pirouettes, il réussit à nous amuser, à nous surprendre, à nous attendrir. Ce cynique apparent serait-il un romantique? Pour nous il nous parle d’un milieu souvent fermé, nous faisant découvrir les coulisses de ce que l’on appelle souvent "le monde du boulevard Saint Germain".