La carte postale

Anne Berest

Grasset

  • Conseillé par (Libraire)
    14 avril 2022

    Bouleversant !

    A partir d'une carte postale anonyme, Anne Berest raconte grâce à sa plume simple et efficace l'histoire de sa famille maternelle .
    Mêlant récit et histoire, ce livre interroge la mémoire, la transmission et ses non-dits.


  • 2 octobre 2021

    La Carte postale

    Tout commence par une carte postale reçue dans la boîte aux lettres familiale en 2003. Côté pile, une vue du Palais Garnier, côté face, 4 prénoms, ceux des grands-parents de l'auteur, tous morts à Auschwitz en 1942. Aucune autre mention, pas de signature. Des années plus tard, se questionnant sur ses racines et sa judéité, Anne Berest décide de mener une enquête afin de connaitre l'auteur de la carte et de découvrir son histoire familiale. Reprenant les recherches amorcées par sa mère, l'auteur tente de retracer le parcours et l'existence de ses aïeux, les Rabinovitch, partis de Russie dans les années 20. Un destin étourdissant et bouleversant. "La carte postale" est un récit intime, il restitue cette quête et les questionnements personnels de l'auteur. Pour autant, Anne Berest parvient à rendre son propos universel, comme une part de notre histoire à tous. C'est un récit que l'on quitte à regret avec le sentiment troublant d'y laisser des hommes et des femmes devenus des amis.


  • Conseillé par
    16 septembre 2021

    judaïté

    Le prétexte a déjà été utilisé : une jeune femme découvre une étrange lettre (ici, une carte postale) et se penche sur le passé de sa famille juive pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    Et ce qui m’a le plus agacé, c’est que l’auteure utilise le procédé narratif du confident pour donner un peu de rythme à son texte.

    Bon, j’ai lu les 500 pages sans déplaisir, mais en levant parfois les yeux au ciel devant des idées toutes faites du genre : ils ne sont pas partis au STO mais on pris le maquis, ce sont des héros (mon grand-père maternel étant parti au STO, je dois le prendre comment ? Ceux qui ne sont pas partis étaient peut-être juste des gros flemmards et pas forcément des gens politisés au départ).

    Bien sûr, tout est bien qui fini bien (je lève encore les yeux au ciel).

    Ceci dit, j’ai aimé que l’auteure s’interroge sur ce que c’est qu’être juif en France aujourd’hui, elle-même n’ayant pas « le type juif » et ne pratiquant pas sa religion. Comme elle le dit : elle fête toutes les fêtes Hanoukka aussi bien que Noël.

    J’ai aimé découvrir les grands-parents de l’auteure, partis de Russie, passés par Israël, et s’installant finalement en France.

    L’auteure nous parle également des artistes qui se sont engagés dans la Résistance et que l’on ne connaît pas forcément.

    Un roman pour ceux qui ne connaîtrait pas encore grand-chose sur le destin des juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale.

    Une citation :

    J’ai le sentiment que la seule chose à laquelle j’appartienne vraiment, c’est al douleur de ma mère. C’est cela, ma communauté. Une communauté constituée de deux personnes vivantes et de plusieurs millions de morts. (p.249)

    L’image que je retiendrai :

    Celle de la petite maison en montagne dans laquelle s’est cachée pendant la guerre la grand-mère de l’auteure.


  • Conseillé par (Libraire)
    6 septembre 2021

    Magnifique et touchant

    C’est une histoire qui est désormais racontée, mieux connue. Celle de migrants juifs de l’Europe de l’Est fuyant la Russie notamment à la suite des pogroms du début du XX ème siècle. C’est ce que raconte le début de « La carte postale »: l’histoire d’une famille russe. Dans ce récit, les personnages ont un nom: ils s‘appellent Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques. Ces prénoms figurent laconiquement sur une carte postale adressée anonymement des décennies plus tard à l’adresse de la mère de l’autrice. Quatre noms comme une déflagration qui vont ressusciter des souvenirs.Tous les quatre, membres de la famille Rabinovitch, vont être déportés et assassinés dans les camps d’extermination. La première partie du livre raconte leur histoire, la migration d’une famille à qui le père dès avril 1919 prévient: « il est temps de partir. Nous devons tous quitter le pays. Le plus vite possible ». C’est ce que vont faire notamment Ephraïm et Emma qui vont traverser l’Europe, vivre en Lettonie, rejoindre leurs parents en Palestine et se retrouver finalement à Paris, en France, ce pays des Lumières dont ils attendent tout, auquel ils souhaitent s’assimiler à tout prix. On pense au parcours de la grand mère de Robert Badinter: Idiss. L’Amérique reste lointaine, et puis les mesures discriminatoires à l’égard des juifs, les rafles, les camps de travail tout cela semble tellement impossible. On ne croit pas à ce qui n’est jamais arrivé auparavant. La foi dans leur nouvelle patrie sera fatale à la petite famille d’où réchappera la fille ainée Myriam, mère de Leila et grand-mère de l’autrice Anne Berest. C’est dans un dialogue tout en douceur et connivence que s’écrit cette première partie du livre. Glaçant est le contraste entre la barbarie inimaginable et la foi en la raison et en l’humanité d’une famille pourtant pourchassée des années durant. Anne Berest nous raconte avec justesse les conditions d’internement du camp de Pithiviers, l’accueil des survivants au Lutetia à la fin de la guerre, l’attitude ignominieuse de certains membres de l’administration française, la rafle du Vel d’Hiv.

    La suite du « roman » va amener l’écrivaine à rechercher l’auteur anonyme de la carte. S’il s’agit bien d’une enquête, la fiction n’est pas au rendez-vous et cette quête va amener à côtoyer l’ignominie et le mal dont est capable l’âme humaine. Cette fois, Anne cherche, se déplace, se rend dans l’Eure voir les derniers voisins de la famille Rabinovitch, va en Provence lieu de la résidence de Myriam, consulte un détective privé, un graphologue. Avec sa mère, et sa soeur Claire, elles forment une lignée familiale essentiellement féminine cherchant à comprendre leur présent à la lumière du passé. Une question surgit alors comme un fil rouge: qu’est ce qu’être juif aujourd’hui en France pour une famille qui n’a jamais pratiqué aucun rite, culte et se définit pour la plupart de ses membres comme athée? C’est bien de cette question que surgissent en réponse les quatre prénoms recherchés et la réflexion d’aujourd’hui de la fille de Anne, de retour à la maison avec une « drôle de tête », parce que « on n’aime pas trop les Juifs à l’école ».

    Etre défini par un concept indéfini. Juive, parce que sa mère est juive, Anne Berest ne lance pas un cri de douleur, ne juge pas les contemporains de ses arrière-grands-parents. Elle témoigne, d’abord pour elle même, voulant rétablir une généalogie trop longtemps tue, désirant savoir ce qu’elle est véritablement et affirmant en conclusion que l’on est ce que nos ascendants ont été, même si on ignore tout ou presque tout de leur histoire. En fait, on ne doit jamais oublier ses morts car ceux-ci ne meurent vraiment que lorsque les vivants les oublient. Et l’autrice leur rend magnifiquement la vie.

    Eric


  • 3 septembre 2021

    Un roman fort et passionnant.

    A partir de cette fameuse carte postale, énigmatique, reçue en Janvier 2003, Anne Berest, en narratrice, nous entraîne dans l’enquête passionnante qu’elle a menée sur l’histoire de sa famille. Tout d’abord, nous découvrons le parcours de la famille Rabinovitch, un parcours et un destin à la fois romanesque et tragique : cette famille a fui la Russie, dans les années 20, pour la Lettonie, puis pour la Palestine rejoindre ses parents, avant de partir à Paris où arriveront la guerre et le désastre pour cette famille. Seule, Myriam, la fille ainée des Rabinovitch échappera au malheur : est-ce parce qu’elle a épousé Vicente, le fils de Picabia et de Gäbrielle ? La narratrice dirigera, alors son enquête sur cette grand-mère, qui se mariera une seconde fois, pour tenter de percer les nombreux mystères de la vie de cette femme.
    Autour et grâce à ces recherches, la narratrice tentera de résoudre cette quête initiatique sur la signification du mot « juif ». Un roman fort et passionnant.


  • Conseillé par
    18 août 2021

    A recommander, vraiment !

    La carte postale, nouveau roman d’Anne Berest, a bouleversé mon été (et je l’espère, bouleversera la rentrée littéraire !) tant sa narration m’a happée dans le récit dramatique d’une famille. Autour des quatre prénoms Ephraïm, Emma, Noémie et Jacques, Anne Berest reconstitue l’histoire errante de sa famille maternelle décimée lors de la seconde guerre mondiale En procédant comme une enquête généalogique, elle redonne à ses parents leurs identités et s’inscrit dans une filiation retrouvée.
    Au moment où elle se prépare à accoucher, Anne Berest se rappelle la carte postale énigmatique reçue en janvier 2003 mais dont la photographie date d’au moins dix ans. A l’époque, la famille s’est interrogée sur son expéditeur puis ne trouvant pas de réponse, la carte fut oubliée dans un coin. Mais, avant de reprendre l’enquête sur la carte, Léila, sa mère, décide de raconter l’enquête généalogique qu’elle a menée pour tenter de redonner un passé à sa famille.
    Car ces prénoms sont ceux de ses grand-parents et de ses jeunes grand-oncle et grande-tante disparus en déportation. Ainsi, c’est l’histoire d’un antisémitisme européen qui nous est relaté poussant une famille russe de 1919 à s’exiler à travers le monde. Après une période en Israël, Ephraïm et Emma choisissent la France pour apporter une terre à leur famille. Seulement, les mesures antisémites et les lois scélérates de Vichy auront raison de ces juifs étrangers qui furent pourchassés et subiront, les premiers l’épuration ethnique que la population française a à la fois encouragé mais aussi, avec les justes, protégé.
    Seule survivante, Myriam, grand-mère d’Anne Berest, a tout fait pour essayer d’oublier, quitte à ne plus pouvoir rien en dire, de ce passé trop lourd à partager.
    la suite avec photos ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/18/anne-berest/