Poussière dans le vent

Leonardo Padura Fuentes

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par
    1 janvier 2022

    Histoires de Cuba

    Comment trouver les mots pour vous donner envie de découvrir ce roman que j’ai lu une première fois, un peu désorientée par la forme du récit polyphonique, qui passe d’une époque à l’autre sans qu’il soit toujours facile de se repérer dans le temps et les lieux, puis une deuxième fois à la suite pour de ne pas quitter ces personnages avec lesquels je ne souhaitais pas rompre ?
    Padura nous parle de la trajectoire de huit amis qui se sont connus au lycée à Cuba et qui suivent des chemins divergents, beaucoup choisissant l’exil face aux difficultés de tout genre auxquelles ont pu se confronter les Cubains entre les années 1990 et nos jours. Les émigrés s’établissent dans différents pays d’Amérique et d’Europe, restant en relation et aidant financièrement ceux qui, malgré toutes les difficultés qu’ils rencontrent, y compris pour satisfaire des besoins élémentaires comme se nourrir et se soigner, ont choisi de rester dans leur pays. Nous suivons donc le parcours de tous ces exilés, aux chemins très différents. Certains s’intègrent très bien en tournant la page de leur vie antérieure quand d’autres sont victimes d’exploitation de leur statut de « sans papiers ».
    On perçoit cependant que la sympathie de Padura revient avant tout à l’un des personnages centraux de ce récit choral, Clara, qui se bat toute sa vie pour élever ses enfants et sauver de l’alcoolisme l’un de ses amis qui deviendra son compagnon. Elle choisit de rester à Cuba malgré le départ de tous ses proches, et l'accumulation de ses désillusions vis-à-vis du régime cubain dans lequel elle mettait beaucoup d’espoir lorsqu’elle était  jeune.
    On le devine, l’auteur lui aussi vit toujours à Cuba, malgré la reconnaissance internationale de son œuvre. Il revendique de rester fidèle à son pays. C'est aussi ce qu'on aime chez lui.

    Marie-Pierre


  • Conseillé par
    2 novembre 2021

    J'aime beaucoup les livres de Leonardo Padura que je tiens parmi les grands auteurs contemporains, même s'il a tendance à écrire de gros et lourds livres : 630 pages et 800 grammes ! -mais qui, à part moi, est assez dérangé pour peser un livre ? Poussière dans le vent, malgré quelques longueurs et redites est un excellent roman sur l'exil, sur les raisons qui poussent à quitter son pays, ses amis, sa famille, à tout laisser pour tenter de vivre ailleurs. Si l'intrigue se déroule dans les années 90 à Cuba -période particulière puisque l'ex-URSS ne finance plus le pays-, on pourrait aisément la transposer de nos jours dans un autre pays dans lequel la guerre, la pauvreté extrême ou le non-respect des droits de l'homme poussent à partir : "Pour avoir vécu parmi des émigrés, Adela savait que personne ne quitte l'endroit où il est heureux, à moins d'y être forcé -et c'est alors en général qu'il perd le fragile état de bonheur." (p.62). "Un mélange de joie et de tristesse habitait Irving. Mais il se sentait poussé, par dessus-tout, par une détermination plus puissante que le sentiment d'appartenance ou de déracinement, que la famille ou les amis : le désir de vivre sans peur." (p.205) En ces moments où certains veulent nous faire croire que tous les réfugiés sont des délinquants et qu'ils quittent leurs pays sans bonnes raisons, il est utile de citer, de lire et faire lire ce genre de roman.

    Avec beaucoup de finesse, d'élégance et d'humanité, Leonardo Padura fait les portraits des huit amis, leurs rapprochements, leurs querelles, leurs différences et surtout leurs liens qui semblent inusables. Tous ont des personnalités différentes, des envies, des désirs propres et de ce roman cubain. Il fait avec ses héros cubains, un roman universel. Il sait installer ses personnages dans des contextes forts, dans des intrigues avec suspense qui tient jusqu'au bout. Il sait aussi parler admirablement de l'amitié, de ce qui lie ces huit Cubains mais aussi de ce qui peut les séparer et de ce qui peut les réunir de nouveau. Un roman choral, de ceux qui installent des personnages difficilement oubliables, sensible sans être larmoyant, d'une justesse et d'une pudeur profondes.

    Et tout le roman est mis en musique par Kansas et sa chanson qui en donne le titre : Dust in the wind.


  • Conseillé par
    27 septembre 2021

    Un grand roman sur l'exil

    Huit amis, qui se désignent comme le clan, se rencontrent au lycée à la fin des années 90 à La Havane.
    Deux mystères les unissent : une disparition et une mort.
    Fraternité, trahison, espoir, désillusion et exil sont les maîtres-mots de cette puissante fresque romanesque livrée par un excellent Leonardo PADURA.


  • Conseillé par (Libraire)
    15 septembre 2021

    Dense et foisonnant, un régal !

    A travers les tribulations du Clan, groupe d’amis soudés autour de Clara depuis le lycée, nous suivons des années 90 à 2010 toute une génération. Leurs espoirs, leurs illusions et désillusions, leur devenir dans un Cuba rattrapé par une crise économique sans précédent, où tout manque, leur exil et leur reconstruction, l’amitié indéfectible … et cette question lancinante « mais que nous est-il arrivé ? »
    Roman choral, dense et foisonnant qui nous happe, car Padura sait entretenir le suspense.


  • Conseillé par
    31 août 2021

    Amour, Amitié, Trahison, Exil

    Une photo sur un fil de Facebook est prétexte à ce roman articulé sur deux mystères et une résolution addictive, avec en toile de fond l’amitié, l'exil et l’histoire contemporaine de Cuba.

    Leonardo Padura parle de Cuba, des difficultés à vivre dans un pays où la précarité et les privations sont quotidiennes et où la question de la fuite finit par se poser de manière inéluctable aux différents personnages, un groupe d'amis (les membres du clan) soudés depuis la fin du lycée.

    Un grand roman !


  • Conseillé par (Libraire)
    30 août 2021

    Que sommes-nous devenus ?

    Certainement l'un des grands romans de cette rentrée littéraire. Avec Poussière dans le vent, Leonardo Padura dresse une véritable fresque historique. Un roman sur l'amitié, sur l'exil, un roman politique, un roman sur Cuba. Ils s'appellent Horacio, Irving, Clara, Dario, Elisa, Bernardo, Walter et Joël, C'est l'histoire d'un groupe d'amis, le clan. Le clan se réunit régulièrement à Fontanar, Fontanar c'est la maison de Clara, c'est le pivot de l'histoire où tout se dit, c'est comme un îlot de bonheur et de liberté sur l'île de Cuba. En Europe, c'est La chute du mur de Berlin, à Cuba c'est le désenchantement, il faut ruser et lutter pour manger. Nous suivons ce groupe d'amis sur plusieurs décennies, certains quitteront Cuba pour l'Amérique du Nord ou du Sud, d'autres pour l'Europe, ils s'aimeront, se disputeront, seront malades, reviendront ou pas et l'amitié sera toujours là. Sans cesse ils se poseront des questions, se remettront en question. C'est vivant et fort, drôle et grave, tout simplement génial !