Perrot et Lefèvre, 13, L'archipel des secrets

Anne-Solen Kerbrat-Personnic

Palémon

  • Conseillé par
    24 septembre 2019

    Alors qu'ils arrivent à Bréhat pour passer un ouiquende romantique, la capitaine Jeanne Sixte et le tout nouveau promu commissaire Perrot s'y retrouvent, avec tous les autres occupants de l'île, coupés du monde par une violente tempête. Lorsqu'un cadavre est retrouvé sur la plage, c'est naturellement que les deux flics s'emparent de l'enquête. Ils interrogent tout le monde et sont particulièrement intéressés par les locataires de la maison d'hôtes Chez Armance, une dizaine d'écrivains de tous genres qui sont venus là pour s'isoler et finir leurs prochaines parutions.

    Un thème archi-utilisé : une île ou un endroit isolé par du mauvais temps ou tout autre aléa -ce qui pourrait être vu comme une envie de se confronter à ce-dit thème ou comme un hommage aux précédents auteurs s'y étant collés- duquel Anne-Solen Kerbrat se sort très bien. D'une part part, parce que c'est Bréhat. D'autre part, parce que l'idylle naissante entre les deux flics (déjà rencontrés dans "Le tableau de Maï") est plutôt réjouissante et enfin parce que la maison d'hôtes réservée aux écrivains recèle bien des secrets, des jalousies, des inimitiés, des ego démesurés et des relations pas toujours très claires entre certains.

    C'est donc dans cette ambiance pluvieuse et venteuse que l'auteure situe son intrigue. Ses deux flics devront user de méthodes à l'ancienne, puisque sans connexion, sans portables voire même, par moments, sans électricité. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette enquête n'est pas aisée ni facilitée par les îliens qui ne s'épanchent pas beaucoup, ni leurs hôtes. Perrot et Sixte vont devoir faire preuve de patience et de finesse dont ils ne sont point dépourvus pour venir à bout de l'énigme posée par ce cadavre que personne ne connaît.

    À part une fin un peu longue -mais passer quelques minutes supplémentaires sur Bréhat, ce n'est jamais une corvée, au contraire-, j'ai apprécié ce polar tout en nuances et en atmosphère, sans violence et course poursuite, bon comme un ouiquende sur l'île décrite.


  • Conseillé par
    19 septembre 2019

    Huis-clos insulaire.

    Bréhat est un des endroits sur terre qui se rapproche le plus du paradis. Étant né en face à Paimpol, je suis certainement très chauvin. Mais cette île peut être un enfer, en cas d'énormes tempêtes comme c'est le cas dans ce roman.
    « Chez Armance », la maison d'hôtes de l'île de Bréhat s'est spécialisée dans l’accueil d'auteurs en cours d'écriture (ou en panne d'idées parfois).
    La beauté de l'île incite au travail... ou au farniente.
    C'est pour le farniente ou plus si affinités que débarque également Perrot, nouvellement promu commissaire et sa collègue Jeanne Sixte.
    Mais pour les auteurs ou pour les policiers, rien ne va se passer comme prévu.
    En effet, la météo se déchaîne, toutes les relations maritimes et communications de quelque manière que se soit sont au point
    mort !
    L'île est coupée du continent. En plus la découverte d'un cadavre sur une plage ne va pas aider à la sérénité des habitants de l'île, car c'est obligatoirement un de ceux-ci qui a assassiné cet homme, que personne ne semble connaître. Sur une île, où en général tout se sait, c'est pour le moins étrange. Qui est-il ?
    Les policiers, bien qu'ils n'aient aucun mandat pour exercer dans le département des Côtes d'Armor, vont s'atteler à la tâche... qui bien entendu ne s'annonce pas simple. Perrot et Sixte vont être amenés à côtoyer les auteurs qui semblent tous avoir quelque chose à cacher ? Relations amoureuses, jalousies, un couple dont le mari semble abuser de son pouvoir sur son épouse, un écrivain grande gueule qui a connu un certain succès, deux femmes aux relations ambiguës.
    La priorité est la suivante : Qui est-il et accessoirement que fait-il à Bréhat, dont c'est la morte saison.
    Un habitant de la partie nord de l'île va leur donner l'adresse où il loge. Une maison d'hôte retirée qu'ils vont visiter et où il vont découvrir l'identité de la victime. C'est un canadien du nom de Georges Dufresne. Mais cela ne résout en rien les raisons de sa venue à Bréhat, à moins qu'il n'y connaisse quelqu'un, quelqu'une ou plusieurs personnes ?
    L’enquête sera longue car les îliens ne sont pas spécialement bavards surtout quand ils ont peut-être plusieurs choses à se reprocher et que certains n'ont aucune envie de voir leurs passés qu'ils espéraient enfouis, resurgirent !
    Beaucoup de personnages durant ce huis-clos de bruits et de fureur, dans ce roman dont la filiation avec le roman d'Agatha Christie est évidente et bien exploitée.
    Une lecture très agréable, plus que la météo qui sévissait durant cette enquête. Huis-clos insulaire.