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    20 février 2019

    1954/1962, c'est la guerre d'Algérie, ce que la France a longtemps appelé des événements ou une "opération de maintien de l'ordre". Elle est d'abord cantonnée sur le territoire algérien, un peu désordonnée, puis les Algériens créent des mouvements de libération et devant la répression commettent des actes violents et c'est le début d'un engrenage, d'une guerre qui ne dit donc pas son nom, dénoncée un peu partout dans le monde, mais la France ne veut pas renoncer à son empire colonial. Sept années de guerre pour conclure presque 150 ans de colonisation.

    Benjamin Stora, né en Algérie, un peu avant le début de la guerre et devenu historien, spécialiste de ce conflit est pédagogue, précis, se met de tous les côtés pour ne rien oublier. Cent quatre-vingt dix pages qui montrent la montée des violences de part et d'autre, l'exportation du conflit en métropole, la lassitude des Français face à une guerre dans laquelle le pays envoie de jeunes appelés du contingent – mon papa y était, tous les jeunes gens nés entre 1932 et le début de la décennie suivante y sont passés, peu en parlent. Elles éclairent également les relations toujours particulières et tendues entre les deux pays.

    Bien dessinée, formidablement documentée, cette page de l'histoire de France et de l'Algérie est accessible à un plus large public qu'un essai historique. C'est une des qualités de la bande dessinée en général et d'icelle en particulier. Peut-être pas pour les plus jeunes, mais pas mal d'ados peuvent la consulter pour comprendre dans quelle galère ont été engagés leurs grands-pères et arrière-grands-pères.